Le bokit, ce délicieux met antillais, possède une histoire fascinante qui remonte à l'époque des colons de la Nouvelle-Angleterre et des rencontres avec les Indiens Shawnees. L'histoire raconte que les Shawnees avaient pour habitude de cuisiner une galette de maïs sur des pierres chaudes, une recette ancestrale qui leur permettait de se nourrir lors de leurs longs voyages. Cette galette, appelée "jonikin" par les Shawnees, était robuste et résistante, ce qui la rendait idéale pour les expéditions et les longues marches. Lorsque les colons sont arrivés en Amérique du Nord, ils ont été fascinés par cette galette et ont décidé de l'adopter à leur manière. Ils y ont ajouté de la farine de blé et l'ont rebaptisée "journey cake", en référence aux longues expéditions pendant lesquelles ce biscuit était un compagnon précieux. Au fil du temps, le Johnny cake a évolué et s'est transformé pour s'adapter aux différentes cultures et régions du monde. Dans les Antilles, notamment en Guadeloupe et en Martinique, le Johnny cake a pris une forme particulière et a été renommé "bokit".
Au milieu du XIXe siècle, juste après l'abolition de l'esclavage en Guadeloupe, une période de difficultés économiques et sociales a frappé les travailleurs les plus démunis. Parmi les nombreux défis auxquels ils étaient confrontés, l'accès à des produits de première nécessité comme le pain était souvent hors de leur portée. Cependant, ces individus ingénieux et observateurs ont su trouver une solution en adaptant et en fabriquant leur propre pain, malgré l'absence de levure à l'époque.
Ainsi est né le "pain chaudière", une spécialité guadeloupéenne emblématique. Ce pain était cuit dans une casserole d'huile chaude, produisant une vapeur caractéristique qui lui a valu son nom. Les travailleurs créatifs utilisaient des ingrédients simples tels que la farine, l'eau, le sel et l'huile pour créer cette délicieuse alternative au pain traditionnel. La cuisson dans l'huile chaude donnait au pain chaudière une texture croustillante à l'extérieur et moelleuse à l'intérieur, le rendant irrésistible pour ceux qui le goûtaient.
Au fil du temps, cette recette artisanale de pain chaudière a gagné en popularité et est devenue une véritable institution en Guadeloupe. Aujourd'hui, il est plus couramment connu sous le nom de "bokit", un terme qui a évolué pour désigner ce pain frit et savoureux.
Le bokit est devenu bien plus qu'une simple alternative au pain dans la culture guadeloupéenne. C'est un symbole de résilience, de créativité et de fierté culinaire. Il représente l'ingéniosité du peuple guadeloupéen qui a su transformer des contraintes en opportunités, en créant une spécialité unique et délicieuse qui fait le bonheur des habitants et des visiteurs de l'île.
Ainsi, le bokit incarne l'histoire et l'identité de la Guadeloupe, rappelant aux générations actuelles l'esprit d'adaptation et la force de la communauté face à l'adversité. Chaque bouchée de ce pain frit délicieux est une célébration de l'ingéniosité humaine et un hommage aux traditions culinaires transmises de génération en génération.
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